Pourquoi la psycho évo paraît si absurde

Petit tour des incompréhensions scientifiques que je rencontre le plus souvent quand je présente la psycho évo (et qui la font immédiatement passer pour absurde).

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ou lire tranquillement la version texte (simple transcription de la vidéo) :

Sommaire

Dans la vidéo précédente, j’ai défendu l’idée que la politique était le facteur principal expliquant le rejet de la psychologie évolutionnaire dans le milieu universitaire. Beaucoup des critiques de ce champ ont en effet avoué lui demander un niveau de preuve bien plus élevé qu’à n’importe quel autre parce qu’ils lui trouvent des conséquences politiques peu ragoûtantes. Une stratégie qui peut paraître sensée dans certaines situations mais qui présente tout de même deux inconvénients majeurs : non seulement l’estimation des conséquences politiques est loin d’être aussi facile qu’on ne le croit(), mais en plus cette stratégie conduit à faire ce que tous les philosophes des sciences s’accordent pour dire qu’il ne faut surtout pas faire, c’est-à-dire mettre indéfiniment de côté toutes les preuves qui ne nous plaisent pas. Hé oui, comme il n’existe aucun moyen de déterminer a priori ce qui constitue un niveau de preuve suffisant, ceux qui laissent la politique guider leurs évaluations des niveaux de preuves peuvent ignorer indéfiniment toutes les études qui ne leur plaisent pas, et donc verser dans ce qu’on appelle le wishful thinking, l’aveuglément idéologique, le biais de confirmation, etc. Et c’est bien pour ça que les débats sur ces sujets ont très peu avancé depuis 50 ans. Les critiques n’ont pas arrêté de relever leur niveau de preuve même lorsque les découvertes s’empilaient.

La politique, donc. Encore et toujours la politique. Mais le tableau ne serait pas complet si je m’arrêtais là. Outre la politique, un certain nombre de blocages épistémiques, épistémologiques et culturels à la psycho évo existent aussi, que je vais vous présenter maintenant. Non mais ho, vous croyiez tout de même pas que j’allais vous faire une série de moins de deux heures et demi.

3. Autres origines des réticences

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3.1. Méconnaissance de la biologie de l’évolution

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La première, c’est la méconnaissance de la biologie de l’évolution. Alors vous allez me dire, comment ça méconnaissance de la biologie de l’évolution, on a tous appris ce qu’était la théorie de l’évolution au lycée, et en France on n’a pas un taux de créationnisme de 40% comme aux Etats-Unis.

Sauf que, ya comprendre la théorie de l’évolution et comprendre la théorie de l’évolution. D’une part, je suis persuadé que si on interrogeait les gens sur ce qu’ils croient vraiment, on se rendrait compte que beaucoup ont une vision lamarckienne de la théorie de l’évolution, ou qu’ils pensent que l’important c’est la survie de l’espèce, deux visions complètement dépassées. Mais même si vous ne succombez pas à ces travers-là, ça ne veut pas dire que vous maîtrisez suffisamment le sujet pour comprendre ce que racontent les psychologue évolutionnaires.

Prenons par exemple la distinction entre explications ultimes et proximales. C’est une distinction hyper importante et c’est pour ça que je n’arrête pas de vous saouler avec, et que je vais le faire encore une fois. Quand vous vous demandez «pourquoi les gens mangent beaucoup d’aliments sucrés», vous pouvez répondre soit en disant «parce qu’ils aiment ça», soit en disant «parce que les aliments sucrés sont ceux qui contiennent le plus d’énergie» [Schéma 1]. La première explication est ce qu’on appelle une explication proximale, ou psychologique, qui décrit ce qui se passe dans notre tête. La deuxième explication est ce qu’on appelle une explication ultime, ou évolutionnaire, qui décrit la raison pour laquelle on aime les aliments sucrés, pourquoi l’évolution a conduit à ce qu’on ait un truc dans notre tête qui nous fait être attiré par les aliments sucrés. Et le plus important, c’est de se rendre compte que ces deux explications ne sont pas mutuellement incompatibles. Au contraire, elles sont complémentaires. On mange des aliments sucrés à la fois parce qu’on aime ça et que ça a aidé nos ancêtres à survivre. Mais, et c’est là que la méconnaissance de la biologie de l’évolution intervient, comme beaucoup de gens ne connaissent pas cette distinction entre explications ultimes et proximales, ils s’étonnent, quand un psychologue évolutionnaire dit que les gens mangent des aliments sucrés parce que ça les aide à survivre, que ce psychologue n’ait pas pensé à l’explication plus simple que les gens mangent des aliments sucrés simplement parce que ça leur plaît [Schéma 1b]. Pour la plupart des gens, cette deuxième explication est beaucoup plus intuitive parce qu’eux-mêmes, lorsqu’ils mangent un aliment sucré, ils ne le font pas en pensant à toute l’énergie que ça va leur apporter. Ils le font simplement parce qu’ils aiment ça. Et donc, beaucoup de gens vont en conclure que les psychologues évolutionnaires racontent des conneries, simplement parce qu’ils ne font pas cette distinction entre le niveau ultime et le niveau proximal.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 1

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 1b

C’est encore plus flagrant dans le domaine de la morale. Moi quand je présente mes travaux par exemple, et que je prononce des phrases comme «la morale a évolué parce que ça permettait de se faire plus souvent choisir comme partenaire de coopération»(), ça ne convainc personne, parce que ça ne correspond pas du tout à ce que les gens ressentent quand ils se comportent de façon morale [Schéma 2]. On aime se comporter de façon morale parce que ça nous apporte du plaisir, ça nous fait nous sentir bien, on ne le fait pas de façon cynique en pensant à ce que ça pourrait nous apporter comme bénéfices sur le long terme. Et donc, une fois de plus, les gens vont avoir tendance à conclure que la psychologie évolutionnaire se trompe, qu’elle se trompe forcément. Et pourtant, comme je vous l’explique dans mon livre103103. Debove, Stephane. Pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal. (2021), l’existence d’une morale intéressée au niveau évolutionnaire est tout à fait compatible avec l’existence d’une morale désintéressée au niveau psychologique. C’est même un des points forts de la psychologie évolutionnaire que de pouvoir expliquer comment une morale désintéressée au niveau psychologique peut être compatible avec une morale intéressée au niveau évolutionnaire. C’est même un problème qui avait tenu en échec les philosophes pendant des siècles, et la psycho évo vient enfin apporter une solution satisfaisante à ce problème. Mais au lieu de la célébrer, on en conclut qu’elle est à côté de la plaque.

Voilà le bébé

Voilà le bébé

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 2

Une autre incompréhension majeure véritable épine dans le pied de la psycho évo, c’est la très célèbre et très malheureuse opposition entre inné et acquis, entre biologique et culturel, entre génétique et environnemental. Pour beaucoup de gens, ces concepts sont mutuellement incompatibles, et donc dès que les gens sont en présence d’un comportement qui est en partie appris, ou qui n’existait pas à la naissance, ils en concluent que les explications génétiques ou évolutionnaires ne sont plus pertinentes [Schéma 3]. Et si la psychologie évolutionnaire vient dire le contraire, elle sera immédiatement qualifiée de naïve, simplement parce que les gens ont cette idée que l’inné et l’acquis sont mutuellement exclusifs. Je renvoie à cette vidéo pour ceux qui ne se rappellent pas de pourquoi ce n’est pas le cas().

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 3

On a aussi souvent tendance à sous-estimer à quel point la sélection naturelle peut façonner les êtres vivants en profondeur. Par exemple, si un psychologue évolutionnaire étudie l’hypothèse que la sélection naturelle aurait pu optimiser notre sens du dégoût pour être plus activé dans certaines situations, on va avoir tendance à trouver ça ridicule, parce qu’on voit mal comment un si petit changement aurait pu avoir un impact sur nos chances de survie et de reproduction. On va avoir tendance à crier à l’ultra-adaptationnisme comme le faisaient Gould et Lewontin.

Sauf que, tout biologiste vous dira que quand vous commencez à étudier un peu sérieusement le vivant, vous vous rendez compte que la sélection naturelle a souvent optimisé les êtres vivants jusque dans leurs moindres recoins – «optimisé» pas dans le sens qu’on ne peut pas faire mieux, mais dans le sens qu’on aurait pu faire bien pire, je vous renvoie à cette vidéo sur cette question de l’optimisation (). Je vous avais par exemple parlé des corbeaux qui lâchent des coquillages en plein vol pour qu’ils se cassent par terre et qu’ils puissent manger le mollusque à l’intérieur. On pourrait se dire que le fait de lacher le coquillage à une hauteur de 5m ou de 7m ne va pas drastiquement changer les chances de survie de ces corbeaux, et donc que la sélection naturelle ne va pas agir sur ce trait. Et pourtant, quand on fait des expériences, on se rend compte que les coquillages sont lachés précisément à une hauteur de 5m, qui est la hauteur permettant au corbeau d’optimiser ses dépenses d’énergie104104. Zach, Reto. Shell Dropping: Decision-Making and Optimal Foraging in Northwestern Crows. Behaviour (1979).

Ou pensez à votre corps. Quand vous marchez pied nus, au bout d’un moment vous allez avoir la peau qui s’épaissit sous vos pieds dégueulasses, ce qu’on appelle des cals. Ce qui est en soi un petit miracle, je ne sais pas si vous vous en rendez compte. En général, les lois de notre univers font que plus on se sert d’un objet, plus il a tendance à s’user. Mais là, c’est le contraire, plus on se sert de notre peau, plus elle se renforce. Ce genre de petit miracle, de superpouvoir qui semble aller à l’encontre des lois de l’univers vous est gracieusement offert par madame la sélection naturelle. Et pourtant, on aurait tout aussi bien pu penser que l’apparition de cals sous les pieds n’a pas impacté fortement les chances de survie et de reproduction de nos ancêtres, et que la sélection naturelle n’aurait donc jamais dû optimiser cet aspect. On sous-estime en permanence l’étendue de l’action de la sélection naturelle.

Notre sens commun n’est pas non plus très bon pour appréhender à quel point nos comportements ont été optimisés par la sélection naturelle parce qu’on est très mauvais pour imaginer ce que peut donner un processus d’optimisation qui travaille en silence mais sans relâche pendant des milliards d’années sur des milliards d’êtres vivants. Ce sont des échelles de temps et des processus qui ne sont pas facilement appréhendables.

Si vous vous rappelez un peu de vos cours de biologie du lycée vous devez vous rappeler qu’à tous les niveaux d’organisation du corps humain on trouve de la fonctionnalité et de la spécialisation. Quand vous disséquez un corps humain, vous vous rendez compte qu’il est composé d’organes spécialisés, eux-mêmes composés de tissus spécialisés, eux-même composés de cellules spécialisées, elles-mêmes composées de voies métaboliques spécialisées, etc. Toute cette organisation et cette spécialisation est due à la sélection naturelle. Et si notre corps a été ainsi façonné en profondeur, il n’y a pas de raison que ce soit différent pour notre psychologie [Schéma 4]. En tout cas, ça devrait être l’hypothèse par défaut. L’hypothèse par défaut devrait être que notre psychologie est aussi profondément spécialisée et organisée par la sélection naturelle que ne l’est notre corps. Et que cette hypothèse soit vraie ou pas, on ne le saura pas sans chercher des traces de cette spécialisation, et c’est précisément à cette tâche que se sont attelés les psychologues évolutionnaires depuis 30 ans. La psychologie évolutionnaire, c’est tout simplement ça, c’est prendre au sérieux la théorie de l’évolution en ce qui concerne la psychologie, et chercher des traces d’une spécialisation de notre psychologie qui pourrait être tout aussi importante que celle de notre corps.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 4

Au final, toute cette méconnaissance de la biologie de l’évolution contribue au rejet de la psycho évo. Et n’allez pas croire que cette méconnaissance soit l’apanage du grand public! Comme je vous l’ai déjà dit, de nombreux universitaires ne pigent rien à la biologie de l’évolution.

Regardez un peu ce qu’écrivait l’anthropologue Marshall Sahlins en 1976105105. Sahlins, Marshall. The Use and Abuse of Biology. (1976). Marshall Sahlins, c’est une pointure en anthropologie, et dans un de ses livres il discute de ce qu’on appelle la sélection de parentèle. La sélection de parentèle, c’est le mécanisme qui nous permet d’expliquer un grand nombre de comportements altruistes dans la nature. À la question, «pourquoi retrouve-t-on des individus qui s’aident les uns les autres dans la nature», la sélection de parentèle répond que c’est parce que ces individus sont fortement apparentés les uns avec les autres, qu’ils partagent de nombreux gènes. Et on est capable de calculer à quel point deux individus doivent être apparentés pour s’attendre à voir des comportements d’entraide entre eux. On calcule ce qu’on appelle un coefficient d’apparentement que l’on appelle r. Et voilà ce que déclare Marshall Sahlins sur ce r dans un de ses livres:

Image d’illustration de la citation : «Quant à savoir comment des animaux s'y prennent pour déterminer que r = 1/8, je pense que tout commentaire sera superflu.». Citation de 105. Sahlins, Marshall. The Use and Abuse of Biology.  (1976).

«Quant à savoir comment des animaux s’y prennent pour déterminer que r = 1/8, je pense que tout commentaire sera superflu105105. Sahlins, Marshall. The Use and Abuse of Biology. (1976)

En gros, Sahlins dit qu’on voit mal comment les abeilles ou les fourmis pourraient avoir les capacités cognitives nécessaires pour calculer à quel point elles sont apparentées les unes avec les autres. C’est un exemple flagrant d’incompréhension profonde de la théorie évolutionnaire dans le monde universitaire, puisque bien sûr les êtres vivants n’ont pas besoin de savoir à quel point ils sont apparentés les uns aux autres pour commencer à se comporter comme s’ils étaient apparentés. C’est un nouvel exemple de confusion entre explications ultimes et proximales. Mais c’est sur la base d’une telle incompréhension que Marshall Sahlins conclut qu’il existe, je cite, une «carence grave dans la théorie de la sélection de parentèle» et que les sociobiologistes ont, je cite toujours, «chargé leur théorie d’une part considérable de mysticisme». Les carences et le mysticisme ne sont peut-être pas du côté qu’il croit.

Ça c’est un exemple des années 70, et vous pourriez penser que les universitaires ont sûrement eu le temps de s’éduquer depuis. Certains, oui, mais d’autres non. On l’a déjà vu tout à l’heure avec Pascal Picq qui pense que la psychologie évolutionnaire a besoin d’une machine à remonter le temps pour tester ses hypothèses, mais je peux vous trouver d’autres exemples, comme cette professeure d’épistémologie et d’histoire de la psychologie qui raconte, dans un débat qui date de 2018:

Image d’illustration de la citation : «vouloir isoler, comme le fait la biologie, pour des raisons qui sont biologiques, l’esprit de son environnement, c’est précisément ça qui fait que ce n’est pas de la psychologie. Parce qu’on n’est pas jaloux quand on vit tout seul sur une île déserte, qu’on a personne autour. Pour être jaloux, faut d’abord être marié, ou avoir un petit ami, ou avoir plusieurs frères et soeurs enfin faut qu’il y ait du monde on n’est pas jaloux tout seul..». Citation de 106. Le Blob. Nos Comportements Trop Humains : La Faute à Darwin ?.  (2018).

«vouloir isoler, comme le fait la biologie, pour des raisons qui sont biologiques, l’esprit de son environnement, c’est précisément ça qui fait que ce n’est pas de la psychologie. Parce qu’on n’est pas jaloux quand on vit tout seul sur une île déserte, qu’on a personne autour. Pour être jaloux, faut d’abord être marié, ou avoir un petit ami, ou avoir plusieurs frères et soeurs enfin faut qu’il y ait du monde on n’est pas jaloux tout seul.106106. Le Blob. Nos Comportements Trop Humains : La Faute à Darwin ?. (2018)

Une professeure d’université qui pense qu’en biologie on voudrait isoler l’esprit de son environnement, c’est une professeure qui est dans l’ignorance totale des paradigmes dominants en biologie, où les êtres vivants sont toujours considérés comme dépendants de leur environnement, et où ce qu’on appelle le cadre interactionniste règne depuis des dizaines d’années. L’environnement n’a jamais été ignoré en biologie. Je vous renvoie à cette vidéo si vous voulez plus de précisions ().

Cette méconnaissance de la biologie de l’évolution dans le milieu universitaire a été remarquée par d’autres bien avant moi. Georges Barlow, un biologiste ayant baigné dans les débats sur la sociobiologie, écrit en 1991 que:

Image d’illustration de la citation : «Pendant et après le tumulte lié à la sociobiologie, je suis allé à un certain nombre de meetings et d’universités. Des vieux collègues, qui ne lisaient pas la littérature primaire et ne travaillaient pas dans le champ du comportement, réagissaient à l’évocation de la sociobiologie comme si c’était un anathème. Quand on leur demandait des détails sur le fonctionnement du champ, ils n’y comprenaient rien. Ils savaient que ça avait un lien avec le comportement animal et que c’était mal, que c’était sexiste et raciste ou quelque chose comme ça, mais pas grand-chose de plus.». Citation de 107. Barlow, GEORGE W.. Nature-Nurture and the Debates Surrounding Ethology and Sociobiology. American Zoologist (1991).

«Pendant et après le tumulte lié à la sociobiologie, je suis allé à un certain nombre de meetings et d’universités. Des vieux collègues, qui ne lisaient pas la littérature primaire et ne travaillaient pas dans le champ du comportement, réagissaient à l’évocation de la sociobiologie comme si c’était un anathème. Quand on leur demandait des détails sur le fonctionnement du champ, ils n’y comprenaient rien. Ils savaient que ça avait un lien avec le comportement animal et que c’était mal, que c’était sexiste et raciste ou quelque chose comme ça, mais pas grand-chose de plus107107. Barlow, GEORGE W.. Nature-Nurture and the Debates Surrounding Ethology and Sociobiology. American Zoologist (1991)

Le philosophe Daniel Dennett parle lui du

Image d’illustration de la citation : «niveau d’hostilité et d’ignorance sur l’évolution qui était exprimé sans la moindre hésitation par d’éminents chercheurs en sciences cognitives». Citation de 108. Dennett, Daniel C.. Darwin’s Dangerous Idea - Evolution and the Meanings of Life.  (1995).

«niveau d’hostilité et d’ignorance sur l’évolution qui était exprimé sans la moindre hésitation par d’éminents chercheurs en sciences cognitives108108. Dennett, Daniel C.. Darwin’s Dangerous Idea – Evolution and the Meanings of Life. (1995)»

dans les années 90.

Le biologiste John Maynard-Smith avoue avec humour

Image d’illustration de la citation : «qu’en tant que biologiste de l’évolution, j’ai l’habitude d’être mal compris par les philosophes.». Citation de 109. Maynard Smith, J & Szathmary, Eors. The Major Transitions in Evolution. Synergistic Selection (1995).

«qu’en tant que biologiste de l’évolution, j’ai l’habitude d’être mal compris par les philosophes109109. Maynard Smith, J & Szathmary, Eors. The Major Transitions in Evolution. Synergistic Selection (1995)

Donc surtout, n’allez pas penser que les universitaires qui s’expriment sur la psycho évo sont calés en biologie de l’évolution. Leur niveau est souvent aussi mauvais que celui du grand public. En fait, la biologie de l’évolution ne s’enseigne souvent qu’au niveau master, et encore, dans des masters spécialisés. Faire un master de biologie généraliste ne suffit souvent pas à l’étudier. Yen a sûrement certains d’entre vous qui ont fait des masters de biologie dans lesquels on ne vous aura jamais parlé des concepts d’explication ultime et proximale, de sélection de parentèle ou d’investissement parental, toutes ces théories qui sont pourtant nécessaires pour comprendre ce que les psychologues évolutionnaires racontent. J’en profite pour rappeler à ceux qui sont intéressés par des études de psycho évo que j’ai publié une vidéo entière sur ce sujet().

Et je vais vous dire un truc, il arrive même parfois que des chercheurs en biologie de l’évolution aient une mauvaise connaissance de la biologie de l’évolution. Comment c’est possible? Tout simplement parce que la biologie de l’évolution est très vaste, qu’elle recouvre un ensemble de démarches, de théories et de méthodes qui n’ont parfois rien en commun. Par exemple, si vous avez fait des études de paléoanthropologie, vous pouvez vous revendiquer biologiste de l’évolution. Mais votre boulot de trouver des fossiles et d’établir des liens de parenté entre espèces sera bien différent du boulot du biologiste de l’évolution qui fait des modèles de théorie des jeux ou des expériences d’écologie comportementale sur des trucs vivants. Et c’est en partie pour cette raison qu’on se retrouve avec des paléoanthropologues comme Steven Jay Gould ou Pascal Picq qui reprochent à la psycho évo de ne pas avoir de machine à remonter le temps pour tester leurs hypothèses. Les paléoanthropologues ont l’habitude de travailler avec des fossiles et donc ils pensent que tout le monde devrait travailler avec des fossiles, et comme la psychologie ne se fossilise pas, ils en concluent qu’il est impossible de faire des études évolutionnaires sur la psychologie humaine. Mais c’est oublier que les psychologues évolutionnaires n’ont pas les mêmes intérêts que les paléoanthropologues et donc pas les mêmes méthodes. Je le répète encore une fois, les psychologues évolutionnaires ne cherchent pas à établir des liens de parenté entre espèces ni à retracer l’histoire de l’évolution de notre psychologie. Ils cherchent simplement à découvrir le design de la psychologie des humains d’aujourd’hui.

Bref, la biologie de l’évolution est si vaste et les chercheurs si spécialisés que le simple fait d’être universitaire, biologiste ou même biologiste de l’évolution ne vous rend pas forcément compétent pour juger de toutes les recherches faites dans ce domaine.

Et enfin, de façon presque banale, la biologie de l’évolution est un champ beaucoup moins facile à comprendre qu’il n’en a l’air.

La théorie de l’évolution, tout le monde a l’impression de la maîtriser, les êtres vivants évoluent, les plus adaptés survivent, ça a l’air simple, mais déjà il faut arriver à se débarrasser de la conception Lamarckiste de l’évolution, et même une fois que c’est fait, il reste encore tout un tas de subtilités à comprendre pour réellement maîtriser le domaine. Et c’est pour ça que les chercheurs de ces champs sont régulièrement obligés de publier des articles à destination de leurs collègues pour corriger des malentendus, comme Richard Dawkins qui écrit en 1979 un article intitulé «douze malentendus sur la sélection de parentèle»110110. Dawkins, Richard. Twelve Misunderstandings of Kin Selection. Zeitschrift für Tierpsychologie (1979), ou Stuart West qui écrit en 2011 «Seize malentendus sur l’évolution de la coopération humaine»111111. West, SA et al. Sixteen Common Misconceptions about the Evolution of Cooperation in Humans. Evolution and Human Behavior (2011).

La biologie de l’évolution, c’est pas facile à comprendre, que ce soit pour le grand public ou les universitaires, et il est clair que ça constitue une épine dans le pied de la psychologie évolutionnaire.

3.2. Méconnaissance des sciences cognitives

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Mais la psychologie évolutionnaire, ce n’est pas que de la biologie de l’évolution. C’est aussi des sciences cognitives. C’est en fait le mariage de la biologie de l’évolution et des sciences cognitives. Ce qui est dans un sens ballot, parce que les sciences cognitives ne sont pas beaucoup mieux connues du grand public.

Par exemple, on en a parlé à de nombreuses reprises, les psychologues évolutionnaires insistent sur le concept de spécialisation fonctionnelle. Ils travaillent par exemple sur l’hypothèse qu’on aurait plusieurs mémoires, chacune adaptée pour enregistrer des informations particulières, ou plusieurs raisonnements, chacun spécialisés pour produire des inférences sur des domaines particuliers(). Or cette idée de spécialisation est contre-intuitive, parce que quand on s’introspecte, on n’a pas l’impression d’avoir plusieurs mémoires ni plusieurs capacités de raisonnement [Schéma 5]. On a l’impression que notre mémoire et notre raisonnement sont généralistes. Et puis on voit bien que dans la vie de tous les jours, on est capables de faire plein de choses différentes. Dans la même journée, on est capables de jouer au foot comme de faire du théâtre, de construire des fusées comme de faire des avions en papier. Cette diversité d’activités fait penser que le cerveau n’a pas évolué pour faire un nombre restreint de choses.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 5

Et pourtant, c’est en cours de L1 de sciences cognitives que l’on apprend que l’humain possède bien plusieurs types de mémoire et qu’il ne raisonne pas aussi bien dans tous les domaines. L’étendue de la spécialisation fonctionnelle est discutée en sciences cognitives, mais le concept de base de spécialisation n’est pas remis en question. De même, c’est un avis largement partagé qu’on ne peut pas se fier à notre introspection pour savoir comment un cerveau fonctionne, ne serait-ce que parce qu’une grande partie de son activité est inconsciente. Et enfin, ce n’est pas parce qu’on est capables de poursuivre plein d’activités différentes dans la même journée que notre psychologie n’a pas évolué à la base pour réaliser un nombre restreint d’activités ayant chacune un but bien particulier. Si vous donnez une boite à outils limitée à un bon bricoleur, il pourra l’utiliser pour créer une infinité de meubles différents. C’est pareil avec notre psychologie. On peut très bien, à partir d’un nombre limité d’outils cognitifs, produire une infinité de comportements.

La psycho évo souffre aussi qu’on la résume souvent à «la discipline qui essaie d’expliquer les comportements en terme d’augmentation des chances de survie». La pertinence d’une telle discipline est alors très dure à cerner, parce qu’on ne voit pas comment ce qu’on fait dans la vie de tous les jours, comme aller au cinéma, sauter en parachute ou fumer par exemple, pourrait augmenter les chances de survie [Schéma 6]. On ne comprend juste pas le rapport, ce qui conduit parfois à déclarer la psycho évo absurde. Pourtant, comme je vous l’expliquais dans cette vidéo(), il est tout à fait possible d’expliquer l’existence de comportements qui ne maximisent pas les chances de survie une fois qu’on a compris que les humains sont des exécuteurs d’adaptation avant d’être des maximisateurs de fitness. Exactement comme Court-Circuit le robot est un exécuteur de programme informatique avant d’être un minimisateur de chances d’être déchargé (). Par exemple, même si nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ne connaissaient pas le foot, on peut expliquer un comportement aussi bizarre que supporter une équipe de foot en supposant que celui-ci résulte de l’exécution de programmes cognitifs évolués pour nous faire défendre les intérêts de notre groupe. Tous ces comportements bizarres de notre vie de tous les jours, qui ont l’air de n’avoir aucun rapport avec la survie et l’évolution, peuvent être expliqués en faisant la distinction entre les comportements observés et les programmes cognitifs sous-jacents qui ont causé ces comportements [Schéma 7]. Cette façon de penser est très banale en sciences cognitives, mais elle est malheureusement assez peu connue du grand public, ce qui est une nouvelle épine dans le pied de la psycho évo.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 6

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 7

Une autre énorme épine dans le pied de la psycho évo, tellement grosse qu’elle pourrait conduire à interrompre un combat de MMA, c’est la variabilité culturelle des comportements, ou plus exactement, la croyance que cette variabilité ne peut s’expliquer que par le culturel ou le social. Pour beaucoup de gens, dès qu’un comportement varie entre les époques ou les cultures, ça veut dire qu’il a une origine culturelle et que l’évolution n’a plus son mot à dire pour l’expliquer [Schéma 8].

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 8

Mais penser ça, c’est une nouvelle fois faire preuve d’une méconnaissance non seulement des sciences cognitives, mais aussi de la biologie de l’évolution. On a vu tout à l’heure qu’en biologie, il est tout à fait attendu que les êtres vivants soient capables de se comporter différemment dans des environnements différents, c’est la fameuse plasticité phénotypique [Schéma 9]. Du côté des sciences cognitives, c’est la notion de traitement de l’information qui rend extrêmement banale l’idée que nos programmes cognitifs puissent être affectés par des stimuli extérieurs. Ces deux disciplines n’ont donc aucun problème avec la variabilité des comportements. Il est vraiment temps que les accusations de naïveté changent de camp. La naïveté ne se trouve pas du côté des approches évolutionnaires qui seraient incapables d’expliquer la variabilité des comportements, mais du côté de ceux qui pensent qu’une perspective évolutionnaire ne permet pas l’explication d’une telle variabilité. Je vous renvoie à cette vidéo [miniature determinisme] et celle-là [miniature pseudoscience] sur ces sujets.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 9

Et enfin, vous avez un paquet d’autres incompréhensions plus basiques, comme les gens qui s’offusquent qu’on utilise le mot «algorithme» ou «programme» pour parler de ce qui se passe dans notre cerveau. Pour certaines personnes, ces mots devraient être réservés aux ordinateurs, mais ce sont des mots très banals et utilisés depuis longtemps en sciences cognitives, un exemple parmi des milliers d’autres dans cette conférence :

Image d’illustration de la citation : «On s’appuie sur les sciences cognitives qui comme vous le savez sont des sciences multidisciplinaires qui concernent en premier chef le comportement, on travaille beaucoup sur les méthodes de comportement pour comprendre le fonctionnement des algorithmes qui constituent la pensée [...]». Citation de 112. Collège de France. Agir Pour l'éducation (11) - Stanislas Dehaene.  (2023).

«On s’appuie sur les sciences cognitives qui comme vous le savez sont des sciences multidisciplinaires qui concernent en premier chef le comportement, on travaille beaucoup sur les méthodes de comportement pour comprendre le fonctionnement des algorithmes qui constituent la pensée […]112112. Collège de France. Agir Pour l’éducation (11) – Stanislas Dehaene. (2023)»

Et si la biologie de l’évolution est un peu enseignée au collège et au lycée, pour les sciences cognitives c’est quasiment quedalle. Ce qui au passage est assez fou. C’est fou qu’on réunisse des humains dans un même lieu pendant des années pour leur faire ingurgiter une quantité incroyable de connaissances, sans leur expliquer à aucun moment comment fonctionne l’organe qui va leur servir à ingérer ces connaissances. Comprendre comment leur psychologie fonctionne est probablement une des choses les plus utiles qu’on pourrait enseigner à des élèves, parce que ça leur permettrait de se méfier de leurs biais, de se rendre compte que leur cerveau reconstruit le monde plutôt que de le reproduire fidèlement, et ça leur permettrait aussi tout simplement de faciliter leurs apprentissages, comme je vous en parlais dans cette vidéo (), mais non, on préfère leur apprendre que tangente(x) = sinus(x) / cosinus(x), que Napoléon a fait son coup d’état le 18 brumaire, et le peu de psychologie qu’ils savent ils peuvent le mettre à la poubelle parce qu’ils l’ont appris de Freud. Tout ça c’est profondément aberrant. Mais bref je m’égare, ce que je voulais dire c’est que les sciences cognitives sont peut-être encore moins bien comprises que la biologie de l’évolution, et que ça ne fait toujours pas les affaires de la psychologie évolutionnaire.

Et le pire, c’est que cette méconnaissance nourrit les accusations d’agenda politique caché [Schéma 10]. Parce que quand vous ne voyez pas comment des avantages de survie peuvent expliquer pourquoi vous êtes allés voir la Traviata à Bastille hier soir, quand vous êtes convaincu que la psychologie évolutionnaire dit des choses absurdes simplement parce que vous n’avez jamais eu de cours de biologie de l’évolution ou de sciences cognitives, vous allez commencer à vous demander comment c’est possible qu’une science soit aussi déconnectée de la réalité. Et une des premières réponses qui va vous venir à l’esprit, c’est que les pratiquants de cette science ne sont pas motivés par la recherche de la vérité. Et s’ils ne sont pas motivés par ça, c’est qu’ils sont motivés par la politique. Et quand vous commencez à être convaincu que la psycho évo a des visées politiques, vous allez avoir tendance à lui trouver des défauts tout le temps. C’est le cercle vicieux qui s’enclenche : «cette science est politiquement motivée car elle raconte n’importe quoi.» «Cette science raconte n’importe quoi car elle est politiquement motivée.» La psycho évo devient une «mauvaise science» dans les deux sens du terme : mauvaise méthodologiquement, et mauvaise politiquement.

Schéma d’illustration du texte précédant.

Schéma 10

3.3. Confusion psychologie évolutionnaire et sociobiologie

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Une autre raison qui explique pourquoi la psycho évo est si décriée c’est que les gens la confondent souvent avec la sociobiologie. Et même si on a aussi fait dire à la sociobiologie beaucoup de choses qu’elle ne pensait pas, elle était un peu plus naïve que la psycho évo sur certains points, en tout cas, personnellement je pense que la psycho évo constitue un progrès. Voilà pourquoi je vous disais dans une vidéo précédente que «la psycho évo ce n’est pas de la sociobiologie qui a changé de nom, mais des chercheurs qui ont trouvé le programme de recherche de la sociobiologie insuffisant, parce qu’il ne donnait pas assez d’importance à ce qui se passe dans le cerveau.». Je vous renvoie à cette vidéo pour les détails [miniature determinisme].

3.4. Notre environnement a trop changé

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Si les explications insistant sur les chances de survie ne convainquent pas, c’est aussi parce qu’aujourd’hui on vit dans des environnements qui sont bien différents de ceux dans lesquels nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont longtemps évolué. Par exemple, la grande majorité d’entre nous n’a plus à se préoccuper de sa sécurité alimentaire. On sait que quoi qu’il arrive, on ne mourra pas de faim ce soir.

Et alors que je réfléchissais à ces sujets je suis tombé sur une vidéo de la chaîne Youtube Fearless & Far où le vidéaste va poser des questions existentielles à des chasseurs-cueilleurs qui vivent encore de façon assez traditionnelle, même si bien sûr rien que le fait qu’ils aient reçu un Youtubeur chez eux doit nous faire tempérer cette affirmation. Ce Youtubeur leur a entre autres demandé ce qui était pour eux la chose la plus importante dans la vie. Que pensez-vous qu’ils aient répondu? La justice? La liberté? Le savoir? Voilà l’extrait vidéo correspondant:

Image d’illustration de la citation : «Quelle est la chose la plus importante dans la vie?

- La viande. Le miel. La bouillie de maïs.». Citation de 113. Fearless & Far. Asking Hunter-Gatherers Life's Toughest Questions.  (2021).

«Quelle est la chose la plus importante dans la vie?

– La viande. Le miel. La bouillie de maïs113113. Fearless & Far. Asking Hunter-Gatherers Life’s Toughest Questions. (2021)

Bon alors bien sûr, c’est une anecdote, ça n’a pas la valeur du travail d’un anthropologue. Mais vous comprenez l’idée. Les hypothèses des psychologues évolutionnaires sur ce qui a pu impacter profondément notre psychologie peuvent nous paraître absurdes à nous qui allons bruncher à Belleville quand le frigo est vide, mais sembleraient peut-être beaucoup moins excentriques à un chasseur-cueilleur qui se lève le matin sans savoir si il va manger le soir. Allez vous perdre dans la forêt pendant quelques jours en essayant de survivre par vous-mêmes, et on en reparle ensuite de si la recherche d’abris, la détection de prédateurs, la recherche de nourriture et plein d’autres aspects psychologiques qui paraissent absurdes aux occidentaux ne sont pas en fait des éléments importants de notre psychologie. On est aujourd’hui complètement déconnectés de l’environnement dans lequel on a longtemps évolué, et c’est une nouvelle épine dans le pied de la psycho évo.

C’est tout pour aujourd’hui, dans la prochaine vidéo je vous parlerai des explications plus psychologiques qui expliquent le rejet de la psycho évo, de pourquoi les chercheurs de ce domaine sont si peu enclins à défendre leur propre discipline, et je vous parlerai un peu de mon expérience personnelle, de ce que ça fait de vulgariser la psycho évo dans un monde qui lui est si souvent hostile. À très bientôt !

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