Pourquoi j’insiste sur les origines biologiques de l’agressivité

J’ai fait un commentaire sur Twitter en réponse à une personne qui pensait que parler des origines biologiques de la violence / agressivité (en particulier la plus grande violence des hommes que des femmes) était une très mauvaise idée :

On m’a demandé en retour en quoi je trouvais ça pertinent d’intervenir à ce moment-là, quelle était la valeur ajoutée de cette information sur l’origine biologique de la violence quand l’urgence est à la prise de mesures. Je trouve que c’est une question intéressante. Voilà ma réponse.

À court terme, me taire serait peut-être une bonne idée. À moyen terme, je pense que c’est une terrible erreur. Car le message (implicite) transmis c’est qu’on a besoin que les comportements aient une cause sociale pour les faire changer.

C’est se tirer une balle dans le pied. Un jour, il ne sera plus possible de nier que certains comportements indésirables ont des bases biologiques. Si tout ce que vous avez fait jusque-là c’est répéter que « seulement si c’est social, on peut le changer/punir », que se passera-t-il ce jour-là ?

(Marylin dit « ce qui s’apprend peut se désapprendre ». Ça n’implique pas *logiquement* que « ce qui ne s’apprend pas ne peut pas se désapprendre » mais beaucoup l’interpréteront comme ça)

En d’autres termes, c’est *précisément* parce que ça ne change rien à nos objectifs de lutte contre la violence que la violence ait une cause biologique ou sociale que vous ne devez pas avoir peur de ceux qui avancent des causes biologiques.

Faire autrement, c’est entrer dans le jeu de l’extrême droite, qui serait bien contente que cette pensée « si c’est biologique alors on peut s’en laver les mains » se diffuse.

C’est là tout le sens de mon appel à ne pas utiliser les sophismes de l’extrême droite. Rejeter le sophisme de l’appel à la nature, c’est tout ce que nous avons à faire, et on sera tranquilles pour les années à venir, quelles que soient les causes des comportements découvertes.

De plus, connaître l’origine de la violence nous permettrait sûrement d’être plus efficaces pour la combattre. Par exemple, il pourrait exister des fenêtres d’intervention différentes en fonction de ses origines biologiques ou sociales.

Concernant les craintes sur la déresponsabilisation, il faudrait préciser vos propos. La crainte est-elle que plus d’hommes battent leur femme s’ils savent que leur agressivité est en partie biologique, par rapport à entièrement sociale ?

Cela semble peu probable. Un homme violent reste un homme violent, quelles que soient les causes de sa violence, et un déterminisme reste un déterminisme, qu’il soit social ou biologique.

La crainte est-elle que la justice sanctionne moins les hommes violents si la violence a des bases biologiques ? La question de la responsabilité en justice est compliquée, mais il me semble que c’est une vision un peu naïve.

On reste responsable de ses actes même quand on n’en a pas le contrôle complet. Pensez qu’on punit les homicides involontaires, ou qu’on punit les psychopathes alors que la psychopathie a des bases génétiques avérées.

(Et pour quelqu’un qui pense que le libre-arbitre n’existe pas, c’est encore pire. Personnellement je vis sans ce concept depuis des années et je ne me suis pas encore transformé en psychopathe, et j’accepterai d’être puni pour mes potentiels méfaits)

Vous pouvez ne pas être d’accord avec moi sur tout ça, mais je pense que vous reconnaîtrez que le sujet est compliqué et mérite réflexion, réflexion que je n’ai pas trouvée dans le fil initial que j’ai retweeté.

Et personnellement, je ne parle pas de ces sujets que « maintenant », j’en parle tout au long de l’année et j’embête tout le monde pour qu’on en parle. C’est Twitter et les médias qui ont besoin d’une actualité pour en parler.

(J’ai juste répondu à votre question sur le timing et la pertinence de mon intervention. Au-delà de ça, chaque tweet de Marylin montre une incompréhension profonde de ce que dit la biologie du comportement. Ses réflexions sur l’haltérophile, l’internement, la « preuve » Françoise Héritier… typique du niveau de culture scientifique dans la population française, j’espère que vous comprenez leurs problèmes)

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Commentaires

Une réponse à “Pourquoi j’insiste sur les origines biologiques de l’agressivité”

  1. Selon Bühler, l’oubli est un signe caractéristique de ce qui est appris

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