Psys : différence entre psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, psychiatre…

Psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, psychiatre… Clinique ou pas clinique… Que de psys !

Petite tentative d’expliquer les différences, pour ceux qui me disent, « hé mais au fait, tu nous parles tout le temps de psychologie mais c’est pas une pseudoscience ça ? »

Dans le langage courant, un psychologue c’est un professionnel du bien-être mental, diplômé BAC+5, qui peut soigner/prévenir par diverses méthodes (entretiens, etc) mais pas en donnant des médicaments.

(bien que voir cette précision et débat entre Balado SC et JM Abrassart, il semblerait qu’en fonction des masters une année de spécialisation en psychothérapie soit nécessaire pour réellement acquérir des connaissances qui permettent de soigner :)

Mais moi quand j’utilise le mot « psychologue », ce n’est pas à ce métier que je me réfère. Par déformation professionnelle, ce que j’appelle « psychologue » c’est quelqu’un qui fait de la recherche fondamentale à BAC +8, pour mieux comprendre la cognition humaine, mais pas la soigner (pas directement en tout cas, et même si certains chercheurs font les deux).

Plus précisément, je parle d’un chercheur en psychologie dite « scientifique », qui est la discipline scientifique qui étudie les grandes fonctions mentales, de manière très expérimentale, très quantitative, très proche de la biologie, et dont la scientificité est dure à nier. (À strictement parler, l’étude des grandes fonctions mentales s’appelle la psychologie cognitive, mais le « paradigme cognitif » me semble assez répandu dans toute la psychologie pour faire l’amalgame).

Très concrètement, imaginons que vous voulez savoir par exemple si les voies sensorielles sont séparées ou pas dans le cerveau, vous pouvez recruter 100 sujets, leur faire regarder des flashs en même temps qu’ils entendent des sons, et regarder si quand ils entendent deux sons en voyant un seul flash ils rapportent parfois avoir vu deux flashs (spoiler oui).

Mais ce n’est pas parce que vous avez « scientifique » dans votre nom que vous êtes irréprochable 🙂 La science traverse en ce moment une période de crise assez importante https://en.wikipedia.org/wiki/Replication_crisis , et la psychologie scientifique n’est pas épargnée.

On dit même qu’elle serait plus touchée que les autres disciplines. Que la physique ou la chimie c’est sûrement vrai, mais que la biologie / l’économie / la médecine je n’en suis pas sûr. Ayant fait de la recherche en biologie et en psychologie je n’ai vu aucune différence dans la façon de faire de la recherche.

Il me semble qu’on a plus souvent mis en évidence la non-réplicabilité de la psychologie parce que c’est plus facile d’essayer de la répliquer (sa matière première (l’humain) et ses outils (ordis, papier/crayon) sont très répandus et peu coûteux).

Répliquer des expés sur des souris ou des bactéries n’est au contraire pas donné à tout le monde. Mais d’autres raisons peuvent expliquer pourquoi la psychologie est plus durement touchée, j’en parle un peu ici par exemple :

À noter aussi qu’il existe des sous-disciplines en psychologie plus touchées par la crise de réplicabilité que d’autres. La psychologie sociale semble plus touchée que la psychologie cognitive par exemple : https://science.sciencemag.org/content/349/6251/aac4716

Malgré ces problèmes, auxquels le champ est en train d’essayer de remédier, contrairement à d’autres (wink wink), la psychologie scientifique est une science au sens courant et chaque fois que je dis « psychologues » sans donner plus de détails, c’est que je parle de chercheurs dans cette discipline.

Les psychiatres, eux, sont des médecins, à Bac +10, spécialistes de la santé et des troubles mentaux, et qui peuvent donner des médicaments en plus d’utiliser toutes les autres stratégies non-médicamenteuses des psychologues (s’ils y ont été formés).

Le psychothérapeute c’est un terme très générique, qui désigne juste quelqu’un qui soigne les troubles mentaux sans médicaments. Un psychotérapeute peut être psychologue, psychiatre, psychanalyste… La psychanalyse n’est qu’un type de psychothérapie particulière.

Et nous en venons donc à la psychanalyse… que vous connaissez tous et qui est très présente en France, mais sachez que c’est une particularité française. Si vous étiez né·e·s partout ailleurs dans le monde (sauf Argentine et Brésil), la psychanalyse serait très minoritaire dans l’offre de soin et même souvent considérée comme une bizarrerie du XIXe siècle.

C’est la psychanalyse qui est souvent qualifiée de pseudo-science, notamment car elle est basée sur l’interprétation subjective de personnes comme Freud, qui ont presque atteint le statut de gourous, et qu’elle peut être non falsifiable (si elle marche, c’est qu’elle a raison, si elle ne marche pas, c’est à cause du patient).

Je n’ai pas besoin de m’attirer les foudres du lobby de la psychanalyse mais l’importance de sa présence dans l’offre de soin en France est aussi si ce n’est plus scandaleuse que celle de l’homéopathie.

L’intérêt de la psychanalyse pour soigner a déjà été évalué et elle ne fait pas mieux que le placebo pour la plupart des troubles.
Pour ceux qui veulent creuser, vidéo ou blog : http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/psychanalyse-psychiatrie-qdm/

En résumé, quand je parle de psychologie, je parle de psychologie scientifique, une branche de la recherche qui n’a pas de vocation directe à soigner, et bien que cette discipline ait des problèmes c’est quand même ce qui se fait de mieux scientifiquement parlant dans l’étude de la cognition humaine.

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