Nous continuons notre série d’articles sur le type de sexualité « évoluée » de l’humain en nous penchant sur les indices qui semblent montrer qu’hommes et femmes affectionnent, dans différentes circonstances, les relations et partenaires à long terme. Existe-t-il des différences entre hommes et femmes néanmoins ? Et cela remet-il en question le tableau peint jusqu’ici d’une espèce humaine dont le système sexuel est, ou a été par le passé polygyne ? Voilà ce à quoi nous allons tenter de répondre.
[Cet article est le deuxième d’une série de trois, et la lecture du premier volet est recommandée pour plus de cohérence dans les explications.]
Ce billet, avec sa 1ere et 3e partie, a été élu « Coup de coeur du jury » lors de la parution de l’anthologie des blogs de science francophones 2013. Merci au jury, c’est un grand honneur pour moi et une très belle récompense du travail accompli !
Les coûts des relations à court-terme
Nous avons vu en première partie que parce qu’il utilise moins de ressources que la femme dans la création et le développement d’un enfant, l’homme devrait en théorie rechercher le plus possible de relations sexuelles à court terme pour augmenter son nombre de descendants. Tout n’est cependant pas si simple. De nombreuses raisons tendent à dissuader l’homme d’être un polygame complet :
- Une des raisons les plus évidentes est qu’un manque d’investissement parental (notamment de protection de l’enfant) pourrait conduire à une diminution des chances de survie de l’enfant. Chez beaucoup d’espèces, le mâle travaille dur pour protéger sa progéniture et fournit également une grande partie de la nourriture dont la femelle a besoin (notamment pour nourrir l’embryon…).
- Attraper une réputation d’ « homme à femmes » n’est pas bien vu par les femmes, et pourrait empêcher un homme de trouver de nouvelles partenaires.
- Contraction de maladies sexuellement transmissibles possible.
- Violences de la part de partenaires, copains, pères ou frères jaloux en cas de relations sexuelles avec une femme déjà liée.
- Actes de vengeance de la part des ex-partenaires féminines.
Pour les femmes, les risques induits par des relations à court terme sont similaires : les femmes peuvent, comme les hommes, souffrir d’une réputation de mangeuse d’hommes et avoir du mal à trouver de nouveaux partenaires par la suite (les hommes, parce qu’ils ne peuvent être sûrs à 100 % d’être le père de l’enfant qu’ils élèvent, devraient plus que les femmes être attentifs à la fidélité de leurs partenaires, nous y reviendrons…), les femmes peuvent également se voir abandonner par leur partenaire à long terme, souffrir de maladies sexuellement transmissibles, et surtout, manquer de la protection d’un partenaire à long terme et risquer de voir leurs enfants souffrir de maladies, de blessures, pour au final mourir. À cet égard, les chiffres trouvés par Daly & Wilson sont intéressants : au Canada, bien que les femmes célibataires n’ont délivré que 12 % des bébés nés entre 1977 et 1983, elles ont été à l’origine de 50 % des infanticides dans cette même période.
Des barrières cognitives contre la polygamie… des autres !
Si pour l’homme comme la femme, être un partenaire qui établit des relations à court terme permet plusieurs avantages adaptatifs (voir la première partie), avoir un partenaire qui pratique les relations à court terme n’est pas avantageux du tout ! C’est autant d’attention, d’effort et d’énergie, bref d’investissement parental qui est détourné de son propre succès reproducteur. La sélection naturelle devrait donc avoir développé, chez l’homme comme chez la femme, des préférences et comportements qui ramènent notre espèce dans le chemin de la monogamie. Commençons par celles des femmes…
Comme nous l’avons vu en première partie, les femmes sont dès la conception d’un enfant désavantagées en matière de partage du travail reproducteur : elles ont déjà investi plus dans l’embryon que le père. Quitte à choisir un partenaire, autant en choisir un qui sera prêt à s’investir pour elles et pour l’enfant lorsqu’il sera né !
Or un homme qui passe son temps à chercher, séduire et s’accoupler avec de nombreuses partenaires n’est pas exactement en train de s’investir dans sa famille : au contraire, il disperse ses ressources (temps, argent, soins…) entre plusieurs partenaires au lieu de les concentrer sur une seule partenaire. Ce raisonnement nous conduit à penser que les femmes devraient avoir développé des mécanismes permettant de repérer et éviter ce genre d’homme : les femmes devraient être particulièrement performantes pour repérer les hommes qui ne s’investissent pas dans leur progéniture.
Gazou gazou
Montrez à des femmes la photo d’un homme en train d’interagir avec un enfant (sourires, regards, gazous…) et la photo d’un homme debout à côté d’un enfant mais le négligeant complètement. Elles trouveront, sans surprise, l’homme s’occupant de l’enfant plus séduisant à épouser que celui le négligeant.
Ce qui est plus intéressant maintenant, c’est que la même expérience faite en inversant les rôles (les hommes notent des photos de femmes) montre que les hommes n’ont pas le même genre de préférences : une femme seule debout est aussi attractive qu’une femme interagissant avec un enfant. Les femmes auraient donc, contrairement aux hommes, une attirance pour les hommes montrant plus d’investissement parental que les autres. Cette tendance est paraît-il utilisée par les publicitaires dans des campagnes adressées aux femmes. Si vous avez des exemples en tête (de campagnes publicitaires adressées aux femmes utilisant un homme aux petits soins avec un enfant) n’hésitez pas à les indiquer dans les commentaires.
« La grosse différence entre les relations sexuelles payées et les relations sexuelles gratuites c’est que les relations sexuelles payées coûtent généralement moins cher. » Brendan Francis.
Posséder des ressources c’est bien, les partager c’est mieux (au moins pour celui qui ne les possède pas), les partager sur une longue période c’est encore mieux. C’est à peu près le genre de raisonnement (non-conscient) pour les femmes qui serait favorisé par la sélection naturelle, et plusieurs raisons poussent à croire qu’elles le tiennent effectivement. Problème : si les ressources d’un homme sont quelque chose de facile à évaluer, sa propension à les partager sur la durée est quelque chose de plus dur à déterminer. Comment donc mesurer l’engagement d’un homme dans une relation ?
- La fidélité d’un homme est évidemment une première indication. Il s’agit dans ce cas-là pour une femme d’évaluer le monopole qu’elle a sur les ressources sexuelles de son partenaire.
- L’offre de cadeaux et de cadeaux luxueux (bagues, colliers, etc…) est très appréciée par certaines femmes. Et si ces cadeaux n’étaient pas appréciés pour eux-mêmes mais pour l’engagement de l’homme qu’ils trahissent : quel homme irait dépenser 1000 € dans une bague si c’était pour quitter sa porteuse deux jours après ?
- Le soutien en cas de coups dur et l’écoute attentive sont également des indices potentiels d’engagement. Toute ressource (temps, énergie, effort, confort, nourriture…) dépensée par l’homme pour sa partenaire et sans bénéfice immédiat pour lui-même peut être révélateur de la disposition d’un homme à s’engager sur le long terme avec sa partenaire.
Vous comprenez mieux maintenant la citation de Brendan Francis ci-dessus ! Les bijoux, les restaurants, les bouquets de fleurs, sont autant de façons de montrer à une femme qu’on tient à elle, et qu’on est prêt à investir de ressources en elle.
« L’amour est la réponse, mais pendant que vous attendez l’amour, le sexe pose des questions plutôt bonnes. »
Woody Allen
Mais un des actes d’engagement les plus importants que pourrait faire un homme, c’est d’être amoureux ! Certains auteurs suggèrent que l’amour pourrait servir d’indicateur d’engagement de l’homme envers la femme (et vice-versa). Cette hypothèse est notamment supportée par le fait que dans le règne animal, les espèces formant des couples à long terme sont également celles dans lesquelles on retrouve le plus fort investissement paternel. Il est aussi frappant de constater que lorsque l’on demande à des hommes et des femmes leur avis sur les liens entre différentes actions et l’amour, des actes d’engagement (comme abandonner des partenaires sexuels potentiels, parler de mariage, ou parler d’avoir des enfants) sont indiqués comme centraux dans la reconnaissance d’un amour possible.
L’amour est un indicateur d’engagement de l’homme pour la femme, mais il l’est également pour l’homme. Mais pourquoi donc l’homme aurait-il besoin que sa femme soit fidèle ? Après tout, comme on l’a déjà vu, la femme n’est-elle pas obligée quoi qu’il arrive d’engager ses ressources dans le nouveau-né, pour les raisons biologiques qu’on connaît (taille de l’ovocyte et alimentation de l’embryon) ? C’est bien le cas, mais le problème de l’homme avec la femme concerne un autre point que l’investissement parental : l’assurance de la paternité.
Cache-cache avec les ovocytes
La femme possède ce que l’on appelle une ovulation cryptique : c’est une appellation un peu mystique pour dire qu’elle n’affiche pas clairement et publiquement quand elle est en période ovulatoire. Aussi banal que cela puisse paraître, c’est une des rares exceptions chez les primates, chez lesquels on trouve d’habitude des signaux bien visibles, comme un rougissement et gonflement des parties génitales (voir la photo ci-dessous chez le babouin, un cas extrême).
Et cela pose un problème à l’homme : le problème de savoir s’il est bien le père de l’enfant qu’il élève. Imaginez que vous soyez un babouin mâle, la même espèce que sur la photo ci-dessus. Une stratégie pour augmenter vos chances de reproduction et qui serait immédiatement favorisée par la sélection naturelle c’est de garder un oeil sur vos femelles le temps de leur période ovulatoire. Ainsi, vous pouvez vaquer à vos occupations le reste du temps sans vous soucier de la fidélité de vos femelles : même si elles copulent avec d’autres mâles, aucun nouveau-né ne résultera de cette union, car effectuée hors période d’ovulation.
L’homme n’a pas cette « chance ». L’ovulation de la femme est cachée. Or, pour survivre, l’homme ne peut pas consacrer 100 % de son temps à la surveillance de sa partenaire, et s’expose ainsi à ce que sa partenaire soit infidèle sans qu’il le sache. Et si un enfant naissait de tels rapports, la catastrophe serait totale pour l’homme trompé ! Il aurait consacré son temps, sa nourriture, son attention, bref ses ressources à élever un enfant qui ne possède pas ses gènes ! Nul doute alors que la sélection naturelle aura favorisé les hommes sachant augmenter leurs chances de paternité.
Quels peuvent donc être ces indices qui permettraient à l’homme d’augmenter ses chances de paternité ? Deux indicateurs sont généralement proposés :
- La chasteté prémaritale. En supposant que les tendances sexuelles d’une femme restent constantes dans le temps, on peut penser qu’une femme n’ayant pas eu de relations avant le mariage n’ira pas non plus voir d’autres hommes après mariage. Comme précédemment, on retrouve une différence homme-femme intéressante pouvant confirmer notre hypothèse : les hommes accordent beaucoup plus de prix à la chasteté prémaritale que les femmes. Cependant, cette différence n’a cessé de se réduire au cours du XXe siècle. En 1939, la chasteté était vue comme presque indispensable par les hommes, classée 10e sur une liste d’attributs de valeur chez les femmes. En 1990, elle n’était plus classée que 17e. Cette diminution est peut-être à mettre en rapport avec l’augmentation de l’usage des contraceptifs, qui rendent la virginité d’une femme beaucoup plus dure à évaluer pour un homme.
- La fidélité sexuelle postmaritale. Puisque avoir une femme fidèle augmente les chances d’être le père biologique de l’enfant qu’on élève, savoir reconnaître une femme fidèle sera inévitablement un avantage adaptatif. Et les hommes, du moins aux Etats-Unis, font de la fidélité et de la confiance les caractères les plus désirables qu’une femme puisse avoir. Au contraire, l’infidélité est abhorrée dans le monde entier et par toutes les cultures, étant même notée comme la pire des douleurs qu’une femme puisse infliger à un homme. Par ailleurs, le nombre de partenaires avant mariage est aussi un indicateur de la fidélité après mariage : plus votre partenaire a eu de partenaires sexuels avant le mariage, plus il y a de chances qu’elle (ou il) vous trompe après votre mariage…
Alors, monogame ou polygame ?
Récapitulons… Nous avons vu qu’avoir beaucoup de relations à court terme possédait des inconvénients pour la femme comme pour l’homme. Nous avons aussi vu que l’homme comme la femme avaient tous les deux développé des préférences leur permettant de repérer les partenaires qui leur seraient le plus fidèles. C’est dans leur intérêt : les hommes veulent être sûr que l’enfant qu’ils élèvent est le leur avant d’accepter de lui sacrifier des ressources ; les femmes cherchent un homme qui s’investira au maximum dans son enfant. Mais nous avons également vu en première partie que chacun des sexes a, dans des conditions particulières, intérêt à entrer dans des relations sexuelles à court terme.
Comment résoudre cette contradiction qui semble nous rendre impossible la tâche de statuer sur la sexualité naturelle de l’humain ? Peut-on réconcilier stratégies de relations sexuelles à court terme et relations sexuelles à long terme ? Une première approche nécessite de se replacer dans le cadre de notre histoire naturelle et de l’environnement dans lequel nous avons évolué, et de faire appel à un nouveau type de système sexuel, la « monogamie en série ».
Des serial monogamers
Ce qu’on appelle « monogamie en série », c’est le fait d’être monogame mais sur une période de temps limitée, typiquement quelques années. Après intervient un changement de partenaire pour recommencer un couple sur quelques années. Certains auteurs postulent donc que l’humain ne serait ni polygame par nature, ni monogame, mais monogame en série. La monogamie en série serait vue comme le résultat d’une polygynie héritée de nos ancêtres australopithèques, qui se serait déplacée peu à peu vers la monogamie sous l’effet de contraintes évolutives. En clair : certains de nos lointains ancêtres auraient été polygynes, mais nous avons depuis évolué vers un système plus monogame.
Quels éléments pourraient permettre d’étayer cette hypothèse ? Les premières preuves sont celles données en première partie, qui montrent que la biologie de l’homme penche plutôt en faveur d’un système polygyne : production de spermatozoides importante et dimorphisme sexuel. De façon plus intéressante, les fossiles de nos ancêtres semblent montrer que ce dimorphisme sexuel a diminué au cours du temps : plus on remonte dans le temps, plus les espèces humaines présentent un fort dimorphisme sexuel, et donc plus il est probable qu’elles aient pratiqué la polygynie.
Les deuxièmes éléments soutenant la monogamie en série sont anthropologiques. C’est un fait bien établi maintenant que dans les sociétés le permettant, notamment occidentales, les humains se marient, divorcent et se remarient ensuite. Avoir un partenaire à la fois mais plusieurs au cours d’une vie pourrait bien devenir la norme en occident, et la monogamie en série devenir le système sexuel majoritaire en Amérique du Nord d’ici peu. Même si, comme nous le verrons dans la dernière partie, la monogamie en série n’est pas un système traditionnellement répertorié par les ethnographes (ce qui nous prive de données sur son étendue réelle), la monogamie en série est une hypothèse plausible de système sexuel humain.
Et pourquoi avoir changé ?
Nous avons dit plus haut que certains de nos lointains ancêtres auraient été polygynes, mais que nous aurions depuis évolué vers un système plus monogame. Et pourquoi aurions-nous évolué vers un système plus monogame ? Il n’y a a priori pas de raison pour que l’on soit passé d’un système plus ou moins polygyne à un système plus ou moins monogame si aucune pression de sélection ne fut exercée sur l’être humain.
Après tout, la polygynie est un système qui fonctionne encore très bien chez différentes espèces. Prenons les gorilles par exemple. Espèce polygyne, le gorille mâle dominant se reproduit avec différentes femelles qui lui sont fidèles. La polygynie fonctionne bien pour les femelles car elles sont fécondées par des mâles dominants, c’est à dire des mâles ayant prouvé, notamment par le combat, qu’ils possédaient de « bons » gènes. Etre sous la protection d’un mâle permet aussi de limiter les cas d’infanticides, courants chez les espèces polygynes où les mâles n’hésitent pas à tuer des nouveaux-nés qui ne sont pas les leurs. Du côté mâle, la polygynie n’est intéressante que pour les dominants, mais ces dominants bénéficient d’un accès sexuel très favorable leur permettant de se reproduire avec plusieurs femelles. Si la polygynie fonctionne, pourquoi se serait-elle montrée inadaptée à un moment donné de l’histoire évolutive de l’humain ? D’où est venue cette nécessité de monogamie ?
Une explication possible et élégante est résumée en un mot : l’encéphalisation. L’encéphalisation correspond à l’augmentation de la taille du cerveau humain ces deux derniers millions d’années. Le cerveau humain a doublé de taille ces deux derniers millions d’années, et une grande partie de cette croissance s’est faite depuis moins de 500 000 ans. C’est absolument inédit chez les primates, et il n’est pas à douter que l’augmentation de la taille de notre cerveau s’est accompagnée d’avantages adaptatifs considérables. Mais pour que ces avantages adaptatifs aient pu être conservés, il a fallu surmonter un handicap né de cette encéphalisation : notre tendance à naître sans défenses.
Quel rapport ?
L’être humain naît sans défenses : à la naissance, il est incapable de se déplacer, de se nourrir, et de survivre en général. Sa survie est en fait complètement dépendante de l’aide et du support de ses parents, non seulement dans les premières semaines et mois, mais également années suivant sa naissance. Pour naître mieux armé face au monde qui l’entoure, le nourrisson aurait besoin de prolonger un peu son séjour dans le quatre étoiles du ventre de sa mère. Mais cette dernière aurait bien du mal à accéder à cette demande : si la grossesse devait se prolongeait de plusieurs mois, elle aurait besoin d’un pelvis (le cadre osseux par lequel passe le nourrisson lors de l’accouchement) beaucoup plus large ! A partir de là, pour que l’être humain conserve son gros cerveau, deux chemins évolutifs sont envisageables : un pelvis féminin plus large apparaît et la grossesse peut se prolonger (mais cela s’accompagne d’une perte d’efficacité de la bipédie) ou la période de grossesse reste la même, mais le nouveau-né naît sans défenses.
C’est le deuxième chemin qui semble avoir été emprunté par l’évolution, et cela nous importe pour comprendre pourquoi la monogamie en série aurait pu évoluer. Car si l’humain naît sans défenses, toute tendance à former des couples à long terme et à s’occuper longuement de sa progéniture serait favorisée par la sélection naturelle en augmentant les chances de survie des nourrissons. La perte des avantages procurés par la polygynie serait ainsi compensée par les bénéfices de faire survivre chacun de ses enfants. Au lieu d’avoir des mâles qui cherchent à avoir le plus de descendants possible et des femelles qui ne s’accouplent qu’avec des mâles dominants, mâles et femelles s’associeraient en couples monogames pour quelques années le temps d’élever quelques enfants et de les rendre autonomes, puis se dissocieraient pour recommencer avec un autre partenaire.
Les estimations du temps nécessaire pour rendre un enfant autonome divergent, mais des dictons populaires comme la « crise des sept ans de mariage » peuvent être révélateurs de cette tendance humaine à vouloir changer de partenaire au bout d’un certain temps de vie commune. Aux Etats-Unis, le taux de divorce est le plus fort lors de la quatrième et cinquième année de mariage, et décline par la suite.
Nous avons déjà évoqué les avantages adaptatifs qu’apporterait la monogamie en série pour l’humain : une augmentation de l’investissement parental paternel. Une autre façon de tester l’existence de la monogamie en série c’est de tester la réalité des prédictions qu’elle fait. Par exemple, l’hypothèse de la monogamie en série propose que l’humain ne se met en couple que dans l’intérêt de l’enfant. Ceci implique que des couples n’ayant pas d’enfants devraient se séparer plus souvent que les autres. Toujours aux Etats-Unis, sur une période de près de 40 ans entre 1950 et 1989, 40% des divorces effectués ont été effectués entre couples n’ayant pas d’enfants, et seulement 2% des couples ayant plus de cinq enfants ont divorcé.
En résumé…
Comme expliqué en première partie, notre système sexuel actuel peut difficilement être considéré comme monogame. Mais comme nous l’avons vu dans cet article, si nous avons peut-être été (ou nos ancêtres) 100% polygynes à une époque, nous ne le sommes plus complètement. Une des explications possibles à cette transition est l’encéphalisation, et le système sexuel résultant de ce mélange entre monogamie et polygynie est appelé monogamie en série. La monogamie en série constitue une stratégie de reproduction à long terme, mais cela n’empêche pas qu’en dehors d’elle, ou coexistant avec plutôt, l’humain puisse adopter des stratégies de reproduction à court terme ! Les avantages des relations à court terme évoqués en première partie existent toujours. L’utilisation de l’un ou l’autre type de stratégies dépendra des conditions particulières et propres à chaque situation rencontrée par un humain, incluant les caractéristiques du partenaire sexuel, les opportunités disponibles, etc…
Nous avons commencé à le faire, et nous allons terminer cette série d’articles sur le système sexuel humain en nous intéressant à ce que font nos homologues primates, et ce que font différentes sociétés humaines. Si vous lisez ce blog, il y a de fortes chances pour que vous soyez dans une société occidentale, et que par conséquent vous considériez l’humain soit comme monogame, soit comme monogame en série. Mais l’homme est loin de se lier de la même façon dans toutes les régions du monde. La troisième partie de cet exposé, qui liera toutes les pièces du puzzle ensemble, sera plus culturelle que les deux premières et aura un pied dans le merveilleux monde de l’interaction génétique / environnement , pour enfin tenter de répondre à notre question, « L’humain est-il un polygame refoulé ? »
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